vendredi 18 mars 2011

Danger, multitâche

Parler de «multitâche» est plus pertinent que jamais. Tous les nouveaux gadgets et les nouvelles technologies permettent à l’être humain de consommer plusieurs médias à la fois, et ce plus que jamais. Dans son livre «Wired», Larry Rosen rapporte les résultats d’une étude éclairante. Il a demandé à un échantillon de répondants, âgés de 11 à 60 ans, ce qu’ils feraient s’ils avaient du temps libre. Les plus jeunes ont répondu qu’ils feraient jusqu’à six activités en même temps (ex. : naviguer sur le web, envoyer des SMS, mettre à jour son statut Facebook, etc.). Et plus on vieillit, moins il y a d’activités simultanées. Les plus vieux, les Boomers du groupe, ont répondu qu’ils en feraient quatre.

Mais ce multitâche nous rend-il plus efficace ? L’être humain peut-il effectuer toutes ces activités en même temps sans être affecté ? Des chercheurs de l’Université Stanford ont étudié le phénomène de près et leurs conclusions sont inquiétantes. Les plus grands adeptes du multitâche, les «heavy multitaskers», éprouvent des difficultés à traiter l’information. Ils ont de la difficulté à retenir ce qui est pertinent, l’information et les distractions étant trop nombreuses. On peut même dire que cette information non pertinente va les ralentir dans l’atteinte du but fixé ou dans la tâche qu’ils effectuent. Ils semblent en perte de contrôle de leurs facultés cognitives, en absorbant trop d’informations à la fois. Tout peut les distraire.

Le multitâche affaiblit donc la performance. D’un autre côté, les «multitaskers» légers n’éprouvent pas les mêmes difficultés. Ils sont plus efficaces et moins distraits par toute l’information qu’ils reçoivent en simultané.

Il apparaît évident que, contrairement à ce que nous pouvions croire, le multitâche intensif n’aiguise pas les habiletés cognitives.

Ici, voyez Clémentine, 20 mois, découvrir le iPad. Le début du multitâche...






Source : Ophir, Eyal, Clifford Nass & Anthony D. Wagner (2009), «Cognitive Control in Media Multitaskers», Proceedings of the National Academy of Sciences.

mardi 15 mars 2011

«Curator» : buzzword ou moyen de combattre la surcharge d’informations ?

Depuis le 15ème siècle, avec l’invention de la presse à imprimer, l’information se fait de plus en plus présente et abondante. L’invention de l’imprimerie a permis de multiplier cette information en la rendant plus accessible. Aujourd’hui, avec Internet et la multiplication des canaux traditionnels et non traditionnels, c’est la flotte. Impossible de tout voir passer, de tout savoir, de tout absorber.

Des chercheurs s’intéressent au traitement de l’information par l’être humain depuis quelques décennies déjà. La prémisse de base veut qu’une information trop abondante pousse le consommateur à faire de mauvais choix ou un choix qui n’est pas optimal, lui qui ne peut pas traiter toute l’information qu’il reçoit.

La «curation» serait-elle la solution ? Un «buzzword» qui n’a pas encore son équivalent francophone mais qui risque de s’imposer en 2011. Différentes définitions existent mais le consultant Xavier de Mazenod résume bien ce que c’est : un Digital Curator est un aiguilleur qui analyse, trie et distribue l’information du web en fonction des destinataires». Cet aiguillage peut être réalisé automatiquement avec certains outils comme Flipboard et Paper.li. Ou le nouveau Zite, un magazine personnalisé pour le iPad. Ces outils regroupent de manière automatique le matériel que vous jugez pertinent selon vos goûts, vos besoins et vos intérêts. Cependant, certains croient qu’il faut nécessairement ajouter un aspect humain au phénomène. Le «curator» peut être, par exemple, un journaliste qui recueille, trie, analyse et répand l’information. Ce travail permet de conserver ce qui est pertinent. Mais c’est déjà ce qu’il fait, le journaliste, me direz-vous ?! Effectivement, en gros. Voilà pourquoi l’humain aura toujours sa place dans cette abondance d’informations.

Ce qui est nouveau, c’est la manière dont sera utilisé ce «curator» par les marques, les médias et les diverses organisations. Jusqu’où pousseront-ils l’expérience ? Embarqueront-ils ? Ces gestionnaires de contenu pourraient prendre de la valeur, devenant des experts dans leur domaine. Une marque, par exemple, pourrait décider d’abreuver ses adeptes sur un sujet donné, à partir du travail de son «curator». Maîtriser l’information deviendra un avantage concurrentiel indéniable. On parle donc de fournir de l’information pertinente à un public ciblé. Du sur-mesure.

Sources : Lee, Byung-Kwan & Wei-Na Lee (2004), «The Effect of Information Overload on Consumer Choice Quality in an On-Line Environment», Psychology & Marketing, 21,3.

01NetPro      

vendredi 11 mars 2011

Google, marque à la meilleure réputation

Le magazine français Stratégies publie aujourd’hui les résultats d’une enquête sur la réputation des marques. Réalisée par la firme Syntec conseil en relations publiques, l’enquête révèle que Google arrive en tête de liste, suivie par Michelin, Ikea, EDF (Énergie de France) et Danone. Les sondés ont dû répondre à des questions comme : ces entreprises vous inspirent-elles confiance ? Ses produits et services sont-ils de qualité ? Aimeriez-vous y travailler ? L’aspect développement durable a aussi été évalué. Chose intéressante, le sondage, réalisé en France, a été mené auprès de différents groupes : actionnaires, salariés, grand public, militants et écologistes.    
Point à souligner : la communication «verte» n’est pas toujours convaincante. Les actionnaires et les jeunes générations sont plutôt critiques à son égard.

50 ans de recherche en publicité: bilan

Le mois de mars marque le 50ème anniversaire du Journal of Advertising Research. Une édition spéciale est d'ailleurs publiée. La firme comScore en a profité pour discuter avec son co-fondateur, Gian Fulgoni, lui qui a vu évoluer la publicité et sa mesure. Il trace ici un bilan éclairant et regarde aussi vers l'avenir.

Looking Back on 50 Years of Advertising Research: ARF Interview with comScore's Gian Fulgoni - ARF Insights - ARF Insights - Jack Myers

jeudi 3 mars 2011

Médias sociaux et ROI : il faut penser autrement

La montée en popularité des médias sociaux ajoute une pression supplémentaire sur les épaules des organisations et des marques : y être, oui on veut bien, mais comment, quoi y faire, y dire et surtout est-ce que ça marche ? Il a déjà été question sur ce blog du tant espéré ROI ou retour sur investissement. Est-ce que le dollar investi rapporte ? L’obsession de l’efficacité pousse les gestionnaires à rechercher constamment des preuves de bénéfices. Pourtant, en utilisant les médias sociaux, notre façon de voir doit être différente. Le consommateur est plus actif, il s’implique davantage et a soif de contrôler ce qu’il fait et dit. C’est là une différence majeure si l’on compare à la consommation des médias dits traditionnels. Sachant cela, il faut donc aborder le ROI de manière différente.
Avec les médias traditionnels, le ROI implique la recherche de résultats rapides : hausse des ventes, des profits, etc. On veut des résultats à court terme. Une campagne publicitaire ou promo doit vite rapporter. Une erreur, sans doute, dans bien des cas. Avec les médias sociaux, on entre dans un univers de relations, voire de confiance. Les résultats ne seront peut-être pas immédiats. Un gestionnaire qui veut mesurer l’impact de sa campagne devrait se tourner vers les motivations du consommateur. Pourquoi aurait-il un intérêt à entrer en contact avec nous ? Quels bénéfices va-t-il en retirer ?
D’abord, donc, établir quels sont les objectifs visés par l’organisation ou la marque. Ensuite, arrêter les outils à utiliser (blog, Twitter, Facebook, etc.). En investissant les médias sociaux, une organisation demande au consommateur de s’impliquer, d’interagir, de partager avec les autres, de commenter, etc. Il faut donc qu’il y ait un intérêt de sa part, à la base. Une motivation. La logique change de bord : avec les médias sociaux, on se demande ce qu’une marque peut faire pour le consommateur et non l’inverse. Ce qu’elle peut faire pour lui permettre de satisfaire son besoin de créer, de consommer, de se connecter et de contrôler ce qu’il fait. On peut parler des quatre «c» propres aux médias sociaux.
Mais retenons qu’à la base, la mesure du ROI demeure souvent périlleuse. Cependant, mieux comprendre la motivation du consommateur peut être un bon point de départ.
Qu’une marque souhaite augmenter sa notoriété, le bouche-à-oreille ou l’engagement du consommateur, elle peut mesurer et vérifier les indicateurs suivants:

 Blogs

•number of unique visits
•number of return visits
•number of times bookmarked
•search ranking
•number of members
•number of RSS feed subscribers
•number of comments
•amount of user-generated content
•average length of time on site
• number of responses to polls,
contests, surveys
• number of references to blog in
other media (online/offline)
•number of reblogs
• number of times badge displayed
on other sites
•number of “likes”

Microblogging
(e.g., Twitter)

•number of tweets about the brand
•valence of tweets +/−
•number of followers
•number of @replies
•number of retweets

Cocreation
(e.g., NIKEiD)

•number of visits •number of creation attempts • number of references to project
in other media (online/offline)

Social Bookmarking
(e.g., StumbleUpon)

•number of tags •number of followers •number of additional taggers

Forums and
Discussion
Boards
(e.g., Google Groups)

•number of page views
•number of visits
•valence of posted content +/-
•number of relevant topics/threads
•number of individual replies
•number of sign-ups
•incoming links
•citations in other sites
•tagging in social bookmarking
• offline references to the forum
or its members
• in private communities: number of
pieces of content (photos, discussions,
videos); chatter pointing to
the community outside of its gates
•number of “likes”

Product Reviews
(e.g., Amazon)

•number of reviews posted
•valence of reviews
• number and valence of other users’
responses to reviews (+/−)
•number of wish list adds
• number of times product included
in users’ lists (i.e., Listmania! on
Amazon.com)
•length of reviews
•relevance of reviews
• valence of other users’ ratings of
reviews (i.e., how many found
particular review helpful)
•number of wish list adds
• overall number of reviewer rating
scores entered
•average reviewer rating score
•number of reviews posted
•valence of reviews
• number and valence of other users’
responses to reviews (+/−)
• number of references to reviews in
other sites
•number of visits to review site page
• number of times product included
in users’ lists (i.e., Listmania! on
Amazon.com)

Social Networks
(e.g., Bebo, Facebook,
LinkedIn)

•number of members/fans
•number of installs of applications
•number of impressions
•number of bookmarks
• number of reviews/ratings
and valence +/−
•number of comments
•number of active users
•number of “likes” on friends’ feeds
• number of user-generated items
(photos, threads, replies)
• usage metrics of applications/
widgets
•impressions-to-interactions ratio
• rate of activity (how often members
personalize profiles, bios, links, etc.)
• frequency of appearances in
timeline of friends
•number of posts on wall
•number of reposts/shares
• number of responses to friend
referral invites

Video and Photosharing
(e.g., Flickr, YouTube)

•number of views of video/photo
•valence of video/photo ratings +/−
•number of replies
•number of page views
•number of comments
•number of subscribers
•number of embeddings
•number of incoming links
• number of references in mock-ups
or derived work
• number of times republished in
other social media and offline


Source: Hoffman, Donna L. and Marek Fodor (2011). «Can you Measure the ROI of Your Social Media Marketing ?», MIT Sloan Mangement Review, 52, 1.