samedi 19 janvier 2013

Myopie au Cirque du soleil ?

Semaine difficile pour le Cirque du soleil. 400 emplois éliminés, confirmation de sa non rentabilité et du souhait de dénicher un nouveau modèle d'affaires. Mais que s'est-il passé pour que ce fleuron en arrive là ? 

Je ne peux m'empêcher de penser à Theodore Levitt, célèbre économiste. En 1960, il écrivait sur ces entreprises myopes. Celles qui oublient qu'elles évoluent d'abord dans une industrie et non dans un secteur en particulier. Une compagnie de chemin de fer n'évolue pas dans le chemin de fer mais dans le transport. Le Cirque n'évolue pas dans le cirque mais dans le divertissement. Pour Levitt, la faute revient au sommet de la pyramide: the failure is at the top. Les dirigeants du Cirque ont-ils trop focalisé leur attention sur le cirque, oubliant le monde dans lequel ils évoluent, le merveilleux monde du divertissement, de l'entertainment ? Être myope, c'est voir de près mais pas de loin, comme moi. Oui le Cirque a fait quelques incursions dans le secteur de la télévision et du film. Mais probablement à tâtons. Pour Levitt, un ralentissement, une croissance freinée, ne 'explique pas par la saturation du marché mais par une équipe de gestion qui en a échappé une. 

Le Cirque a peut-être subi, comme bien des entreprises, la pression de la production. Produire, produire et produire. De nouveaux spectacles, aux États-Unis et en Chine, notamment. Pourtant deux pays aux populations considérables. Un marché important ne garantit donc pas le succès. Pour Levitt, il faut faire une différence entre vente et marketing. La vente vise à satisfaire le vendeur. Le marketing à répondre aux besoins de l'acheteur. Le Cirque a-t-il mal évalué cet aspect ? La vente de millions de billets annuellement, grâce entre autres aux spectacles de Las Vegas, démontre que le Cirque répond à un besoin de divertissement. Mais, visiblement, ça n'a pas toujours été le cas, d'importantes productions ayant été annulées de manière précipitée.   

Bien sûr, le contexte économique parfois défavorable a pu nuire aux ambitions du Cirque. Mais ne valait-il pas mieux repousser les spectacles en préparation, comme celui de Los Angeles ? Jouer de prudence ? Une marque seule, aussi forte soit-elle, ne peut assurer un succès. Ce qui arrive au Cirque est une belle leçon d'humilité pour les autres.

Il y a 30 ans, Guy Laliberté a fait preuve d'audace et de créativité. Il saura certainement se réinventer à nouveau....souhaitons-le.