mercredi 21 octobre 2015

Justin est-il une marque ?


Ce matin, un commentateur disait à la radio que Justin Trudeau est un «produit» que nous sommes en train de mettre en marché. Pourquoi ? Notamment parce que le nouveau premier-ministre est descendu dans le métro hier pour saluer ses électeurs, qu’il a donné une conférence de presse et qu’il a participé à un rassemblement. Bref, une journée menée par la communication. Comme si communiquer était une tare alors que la politique est essentiellement un exercice de communication.
 
Qu’on le veuille ou non, l’époque est à l’individu-marque. Surtout lorsqu’on est une personnalité publique. Georges St-Pierre et Véronique Cloutier, par exemple, se développent, consciemment, comme une marque. Agir comme tel aide à développer sa «personnalité». Et Justin Trudeau tombe certainement dans cette catégorie. Est-ce néfaste ? Non, si l’individu en est conscient sachant qu’aujourd’hui la communication est souvent incontournable.
 
Développer une marque, en gros, c’est agir autour de trois axes : ancrages, territoire et combat. Les ancrages, ce sont les valeurs et l’histoire de l’individu ou de l’entreprise. Dans le cas de Justin Trudeau, on connaît assez bien son passé, d’où il vient, son éducation, ses trois enfants. Son territoire, c’est son carré de sable. D’enseignant, il est devenu député puis premier-ministre. Il a élargi son territoire, prenant un risque chaque fois. Exactement comme une entreprise qui lance une nouvelle catégorie ou un nouveau produit. Il semble aussi viser la classe moyenne, un segment privilégié pour lui. Et finalement, le combat. Toute entreprise se bat face à ses concurrents. La politique est certainement l’arène de tous les combats. Justin Trudeau devra en livrer plusieurs.
 
Ces trois axes définissent la personnalité de la marque. Le passé et le présent viennent les enrichir. En être conscient contribue à se développer de manière un peu plus ordonnée et avec une vision des choses. Chaque action nourrit l’un ou l’autre.         

samedi 10 octobre 2015

Les chefs, plus de négatif que de positif...


On aime dire que les jeunes électeurs ne veulent rien savoir de la politique. Pas certain qu’on puisse être aussi radical. À tout le moins, on peut s’interroger sur leur manière de percevoir l’actuelle joute électorale. Nous sommes inondés de sondages quotidiens portant sur les intentions mais bien des aspects ne sont pas couverts.

Je me suis intéressé à la perception que les jeunes électeurs ont des principaux chefs fédéraux : Gilles Duceppe, Stephen Harper, Elizabeth May, Thomas Mulcair et Justin Trudeau. Mes étudiants au baccalauréat ont bien voulu répondre à un court questionnaire évaluant leur perception et leur attitude. 53 l’ont fait, 52% de femmes.

En 1986, le professeur Yvan Boivin de l’Université de Sherbrooke proposait une méthode pour mesurer la perception des consommateurs face aux marques. Une méthode pouvant aussi servir à évaluer le positionnement. L’aspect qualitatif de cette méthode est relativement simple : demander au consommateur, en un mot, l’idée qui lui vient en tête lorsqu’il pense à telle ou telle marque. C’est l’exercice que j’ai fait avec les étudiants pour chacun des chefs. Ils devaient aussi s’exprimer sur leur attitude envers chaque candidat en répondant à trois questions sur une échelle de 7. Plus le score est élevé, plus l’attitude est favorable. Une méthode, donc, à la fois qualitative et quantitative.

L’analyse des mots évoqués annonce une tendance : les qualificatifs négatifs sont plus nombreux que les positifs. Pas surprenant, direz-vous. Voici la liste des chefs, Elizabeth May étant celle ayant eu le moins de qualificatifs négatifs et Thomas Mulcair le plus. Et quelques exemples.

Elizabeth May : confuse, inefficace, surréaliste

Gilles Duceppe : inodore, revenant, vieux jeu

Justin Trudeau : insignifiant, pantin, vide de sens

Stephen Harper : égoïste, horreur, rétrograde

Thomas Mulcair : opportuniste, jaloux, incertain

De l’autre côté, Justin Trudeau est celui qui recueille le plus de qualificatifs positifs, suivi de près par Gilles Duceppe. Stephen Harper et Elizabeth May sont ceux qui en ont le moins, à égalité.  

Justin Trudeau : visionnaire, nouveauté, juste

Gilles Duceppe : sage, rigoureux, lucidité

Thomas Mulcair : expérimenté, volontaire, expérience

Elizabeth May : effort, sympathique, gentille

Stephen Harper : fiable, stratégique, droit

 
Côté attitude, trois questions étaient posées :

Dites si vous aimez les candidats suivants (le score est sur 7, plus il est élevé et plus le candidat est aimé) :

Gilles Duceppe : 4,09

Elizabeth May : 3,62

Thomas Mulcair : 3,59

Justin Trudeau : 3,38

Stephen Harper : 2,17

 

Quelle est votre impression de chaque candidat (Mauvaise / Bonne)

Gilles Duceppe : 4,46

Justin Trudeau : 3,76

Elizabeth May : 3,71

Thomas Mulcair : 3,62

Stephen Harper : 2,35

 
Quel est votre sentiment général (Défavorable / Favorable) :

Gilles Duceppe : 4,34

Thomas Mulcair et Justin Trudeau: 3,62
 
Elizabeth May: 3,29 

Stephen Harper : 2,06

 
Ce qui donne un score global d’attitude :

Gilles Duceppe : 4,09

Elizabeth May : 3,62

Thomas Mulcair : 3,59

Justin Trudeau : 3,38

Stephen Harper : 2,17

 
Gilles Duceppe semble le plus apprécié, Stephen Harper le moins. Voilà donc un exercice fort intéressant. Très utile pour quiconque veut évaluer un positionnement que ce soit celui d’une marque ou d’un individu. Il s’agit ici d’un exercice pilote, un échantillon légèrement supérieur en nombre serait l’idéal.