«Un peuple qui parle autant de santé est un peuple malade».
Pierre Falardeau, que je cite de mémoire, avait raison. La province semble si
obsédée par son système de santé que tout le reste est occulté. Pourtant, bien
des lumières rouges sont allumées. L’inertie nous joue de vilains tours,
concrets.
Par exemple, depuis un an, on a vu plusieurs bannières du commerce de détail
disparaître. À Radio-Canada aujourd’hui on explique que l’industrie québécoise
de la musique a de la difficulté à s’adapter à la nouvelle réalité. Le Québec,
secteurs public et privé, est refermé sur lui-même, myope. Pourtant, les mots innovation et créativité
n’ont jamais été aussi populaires. On en parle dans les universités, dans de
nombreux 5 à 7 et conférences branchées. Mais le message passe mal. Faire les
choses différemment (s’adapter, se projeter) ne fait pas partie du quotidien
des organisations. Car le réel défi est là. En 2011, dans Les Affaires, Elmar
Mock, célèbre inventeur, disait : «L’innovation, c’est comme le sexe, il
faut en parler moins et le faire plus.»
Dans une économie mature, la croissance
est difficile. L’innovation et la créativité sont des outils qui peuvent
permettre de tirer son épingle du jeu. Mais c’est une philosophie, une manière
de voir la gestion, le développement et, à la limite, la vie. Il faut de la
volonté car en parler, oui, mais la difficulté survient dans l’application
quotidienne. Oser, c’est déstabilisant surtout pour toutes ces
organisations et ces industries assises sur leur statu quo. Innover ne veut pas
dire réinventer la roue chaque fois. Il y a de grandes et de petites
innovations. Mais il faut se sortir de notre myopie et lever un peu la tête.
Bien sûr, on va me servir des exemples d’entreprises qui innovent. Tant mieux.
Mais il faut quitter le micro pour viser le macro. Il faut une série
d’initiatives. Les gestionnaires doivent lever les yeux de leur bureau et
prendre un peu de temps pour se projeter. Dans bien des cas, la demande se
déplace. On peut penser qu’une entreprise qui ferme n’a pas su s’adapter, voir
venir. L’innovation et la créativité ne règlent pas tout. À tout le moins,
elles servent à entretenir un certain sentiment d’urgence. Évidemment, un
environnement économique est une bête vivante qui change et se transforme. Rester
en vie demande des efforts.
Finalement, une autre réalité nous gruge. Le Québec est en
retard. Le jeune Québécois est moins motivé à devenir entrepreneur que les
autres Canadiens. Pourtant, l’entrepreneur est celui qui observe et qui sait
saisir les opportunités. Si ces
opportunités échappent à nos organisations, d’autres vont les saisir. Il est
donc troublant de voir Guy Laliberté souhaiter vendre son cirque. Envoie-t-il
un signal négatif ? Faut-il s’inquiéter lorsque le clown quitte le chapiteau
?