Depuis des
décennies, les organisations ont investi des milliards pour développer leur(s)
marque(s). Des hordes d’experts, de gurus, de publicitaires et de professeurs
(dont moi) ont fait la promotion de l’importance de les développer et de les
nourrir comme des bêtes insatiables. Pourtant, il est très difficile de mesurer l’impact
réel de la marque sur les revenus. Ces revenus, le nerf de la guerre,
proviennent du consommateur, non de la marque. Il est temps de rééquilibrer les
choses et comme on dit en terme savant, de changer de paradigme.
Il faut remettre
le consommateur au centre de nos préoccupations, une affirmation qui peut
paraître étrange alors qu’on ne cesse de dire qu’il faut répondre aux besoins
de ce consommateur. Force est de constater que les organisations ont perdu de
vue l’individu en inondant le marché de produits de masse, du «one size fits
all». Le «de masse» a de moins en moins la cote. Il est ahurissant de constater,
selon certaines estimations, que 50% des nouveaux produits vont être retirés
des tablettes, ne rencontrant pas la rentabilité. Pourquoi ? Besoins mal
évalués, mauvaise commercialisation, grande concurrence ? Peut-être. Mais il s’agit
surtout de ne laisser aucun espace aux compétiteurs, de congestionner le
marché. Une stratégie exigeante et coûteuse.
La vision «customer-centric»
ou développement «autour» du consommateur doit prendre le dessus. Pour y
arriver, nous avons aujourd’hui accès à une quantité phénoménale de données et
d’information. Pour une organisation, ces données ont plusieurs sources :
site Web, médias sociaux, application mobile, code barre, etc. Mais l’importance
de maîtriser cette connaissance semble mal ou pas comprise du tout. Pourtant,
les exemples sont nombreux. Netflix a plus de cinq millions d’abonnés au
Canada, 80 millions sur la planète. Son succès est dû, avant tout, non pas à sa
marque mais à sa capacité à lire les comportements, les traces laissées par ses
abonnés et à proposer, à développer des contenus en conséquence. Auprès des
adolescents américains, Netflix est plus populaire que YouTube et Hulu. Les
revenus sont générés grâce à sa capacité à fidéliser, à retenir le
consommateur. Même chose pour Uber, une application qui simplifie grandement
les déplacements. Sephora a misé sur l’amélioration de l’expérience magasinage
et possède maintenant plus de 1400 magasins dans 30 pays. Des équipes sportives
ont recours aux prix dynamiques alors que le prix des places fluctue selon la
demande pour un match. Elles peuvent alors améliorer considérablement les
revenus par partie.
Cette meilleure
connaissance du consommateur devrait permettre aux organisations d’améliorer
leurs revenus, de mieux répondre aux consommateurs les plus fidèles qui sont
les plus rentables à long terme. Moins d’efforts à fournir, donc, pour ceux
présentant un potentiel de revenus moins intéressant. Crûment, il ne faut pas
essayer de transformer un «mauvais» consommateur en «bon» consommateur mais
plutôt de satisfaire les meilleurs. Les données, pourvu qu’elles soient
interprétables, permettent la prédiction, la possibilité de prédire le
comportement et de concentrer les efforts à répondre aux attentes. Toutes les
organisations, peu importe leur taille, peuvent y arriver. Le problème ? La
compétence. Il faut enseigner aux étudiants, collégiaux et universitaires, l’importance
des données et les possibilités. Même chose aux organisations. Cessons de mettre
autant d’emphase sur la marque et davantage sur la connaissance et la
satisfaction du consommateur.
Il s’agit de
rééquilibrer les choses.
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